Pouring à l’aquarelle
En février 2019, j'ai profité de mes dernières semaines à Vancouver pour assister à une démonstration de la technique du pouring à l’aquarelle. Je n’en avais jamais entendu parler auparavant, j’étais du coup très curieuse. Je n’arrivais vraiment pas à imaginer ce qu’il était possible d’obtenir uniquement en faisant couler de la peinture liquide sur le papier.
La démo a eu lieu dans le magasin Opus Art Supplies de Granville Island et était présentée par l’artiste Leslie Redhead, spécialiste de l’aquarelle et du pouring, dans une ambiance décontractée très agréable. J’ai vraiment été bluffée par cette technique et j’ai tout de suite eu envie d’essayer à mon tour. Les choses étant ce qu’elles sont, il m’a fallu plus d’un an pour réussir à m’y mettre, mais mieux vaut tard que jamais !
Bon, mais avant de vous parler de mes résultats, en quoi consiste cette méthode ? Eh bien il s’agit de faire couler de l’aquarelle liquide sur sa feuille par couches successives afin d’obtenir le motif souhaité. Le liquide de masquage permet de préserver les blancs, puis les tons clairs ne devant pas être retouchés à la couche de peinture suivante. On alterne donc couleur et fluide de masquage autant de fois que nécessaire pour atteindre le nombre de valeurs (du plus clair au plus foncé) présentes dans le tableau. Chacun est libre de faire comme il le veut, mais j’ai suivi le conseil de Leslie consistant à n’utiliser que les trois couleurs primaires, bleu, rouge et jaune.
Ma première remarque suite à cet essai est que peindre de cette manière est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît ! C’est là tout l’art des professionnels, ils font les choses avec une apparente facilité qui laisse croire aux naïfs amateurs comme moi que n’importe qui peut en faire autant. Leslie faisait couler sa peinture là où elle voulait. Moi, j’ai regardé ma peinture faire comme bon lui semblait… Cependant, c’était un très bon exercice de lâcher-prise. Je suis un peu maniaque en matière de peinture, je dessine en pattes de mouche, sur d’assez petits formats, et je m’attache beaucoup aux petits détails. Là, j’ai dû voir plus grand (d’ailleurs, ma feuille en 24 × 32 cm était, je pense, le format minimum requis, plus grand aurait probablement été mieux) et me laisser aller à de plus amples mouvements.
Une autre difficulté rencontrée a été liée au liquide de masquage, qui a refusé de se laisser enlever correctement lors de la dernière étape. Après avoir souligné ce problème auprès de Leslie, celle-ci m’a dit que cela arrivait souvent, et ce, pour diverses raisons. Notamment lorsque le masque a été exposé au soleil (ce qui a été le cas chez moi) ou à la chaleur, ou lorsqu’il a été appliqué alors que le papier était encore humide.
Ma peinture est pour finir très différente de ce que j'avais en tête : les couleurs ne sont pas du tout ce que j’avais prévu (la peinture refusant de m’obéir) et les petits bouts de feuille arrachés avec le liquide de masquage donnent un effet moucheté inattendu, mais je dois avouer que le tableau me plaît bien, peut-être même mieux encore que s’il avait fini comme je l’entendais !
Quoi qu’il en soit, j’y ai pris goût et je réessayerai, c’est sûr !
Et si vous voulez en découvrir plus sur Leslie Redhead, dont j’admire beaucoup le talent, voici son site : www.leslieredheadart.com