Astra, Cedar Bowers

Quatre ans après avoir quitté le Canada, j’ai profité d’un retour à Vancouver pour faire le plein de lectures, et pour prolonger le séjour une fois rentrée en Europe, j’ai jeté mon dévolu sur des autrices canadiennes et des romans dont l’intrigue se situait pour la plus grande partie dans ma chère province de Colombie Britannique. Aujourd’hui, je vous parle d’Astra, premier roman de Cedar Bowers.

 

Tout dans ce livre m’a attirée dès le premier regard. Sa couverture en premier lieu, avec ses silhouettes emboîtées les unes dans les autres, telles des poupées russes, chacune représentant une étape de vie de l’enfance à l’âge adulte. Son titre, Astra, simple prénom pourtant hors du commun, qui appelle les étoiles et ouvre des univers. Même le nom de l’autrice, Cedar Bowers, car qu’y a-t-il de plus beau que d’avoir pour prénom celui d’un arbre ?

 

Astra grandit au sein de Celestial Farm, une communauté hippie isolée de Colombie Britannique. À dix-huit ans, elle part s’installer à Calgary, quelques années plus tard à Vancouver. Enfant libre et sauvage, adolescente caractérielle, jeune fille naïve à son arrivée à la ville, mère protectrice, amie fidèle… Une femme en perpétuelle réinvention d’elle-même. Au fil des années, elle fera des rencontres, parfois brèves, parfois au long cours, et c’est via ces rencontres que l’autrice dévoile les différentes facettes de cette femme.

 

Ce qui fait la particularité de ce roman, c’est que, bien qu’Astra en soit le fil rouge, elle n’est pas le point central du récit. Chaque chapitre raconte un personnage différent. Dix morceaux de vie que l’on pourrait presque lire indépendamment les uns des autres, dix histoires brèves qui en disent long sur chacune de ces personnes, soulignent des traits de leur personnalité pas toujours beaux mais très humains, et à travers lesquelles se dessine la mystérieuse Astra. Une façon d’interroger les relations qui se tissent et se défont, l’impact qu’une personne peut avoir sur une autre, volontairement ou non, les émotions ou traits de caractère qu’elle peut faire ressortir.

 

J’ai aimé cette manière de raconter une vie à travers le prisme de regards extérieurs et la subtilité de l’écriture de Cedar Bower, qui maîtrise l’art de la suggestion. J’ai aimé aussi changer de lieu et d’ambiance à chaque chapitre et voir les pièces du puzzle se mettre en place au fil de la lecture. D’où vient cette cicatrice qui défigure Astra ? Quelles autres blessures porte-t-elle en elle ? Qu’est-il advenu de Celestial Farm ? Celestial Farm est d’ailleurs l’un des éléments du livre que j’ai trouvé les plus passionnants. Presque personnage à part entière du roman, c’est un lieu qui a façonné la personnalité d’Astra et que l’on voit se déliter au fil du temps, reflet d’un rêve de vie alternative, coopérative, meilleure en un mot, mais sujet à de nombreux problèmes.

 

Dès les premières pages, j’ai été happée par ce premier roman de Cedar Bowers, à tel point que je me suis prise à rêver de le traduire un jour. Cela a toutefois (malheureusement pour moi) déjà été fait, et ce, par Juliane Nivelt aux éditions Gallmeister. Quoi qu’il en soit, je ne peux que vous recommander chaudement ce livre que j’ai savouré de la première à la dernière ligne.

 

 

Autrice : Cedar Bowers

Éditeur : McClelland & Stewart

Traductrice FR :  Juliane Nivelt

Éditeur FR : Gallmeister

Virginie PironinCommentaire