A House in the Sky (Une Maison dans le Ciel), Amanda Lindhout
Aujourd’hui, je vous parle d’un livre qui m’a vraiment émue, A House in the Sky (Une Maison dans le ciel), d’Amanda Lindhout. Je l’ai découvert dans ma librairie préférée à Vancouver, j’étais dans une période où je lisais beaucoup de récits autobiographiques, et celui-ci m’a tout de suite interpellée. Si le titre est très poétique, le sujet, pourtant, l'est beaucoup moins : l'histoire poignante d’une survivante... La maison dans le ciel, c'est celle qu'elle s'est créée, dans son imaginaire, afin d'avoir un lieu où s'évader lorsque les choses tournaient trop mal.
Amanda Lindhout grandit à Red Deer, une petite ville de la province d’Alberta, au Canada. Enfant, elle s’évade de son quotidien difficile grâce à de vieux numéros du National Géographic qu’elle achète d’occasion. À dix-neuf ans, elle emménage à Calgary, où elle commence à travailler comme serveuse dans un bar à cocktails chic. En 2002, grâce à l’argent de ses pourboires, elle finance son tout premier périple, sac au dos, en Amérique du Sud. Dès lors piquée par le goût du voyage, elle s’aventure dans des pays toujours moins touristiques. Au départ de nature anxieuse et craintive, elle prend de l’assurance au fil de ses expériences. Afin de continuer à vivre ses rêves d’exploratrice, elle se lance dans le journalisme. Elle effectue alors des voyages dans les zones de conflits, notamment à Kaboul et à Bagdad, afin de préparer des reportages.
En août 2008, Amanda décide de partir pour la Somalie. Au dernier moment, elle convainc son ami Nigel Brennan, photographe, de l’accompagner. Quelques jours après leur arrivée, alors qu’ils s’apprêtaient à aller mener des interviews dans un camp de personnes déplacées internes, ils sont capturés avec leur interprète et leurs chauffeurs.
Commencent alors quinze mois de captivité au cours desquels Amanda, seule femme parmi un groupe d’insurgés islamistes pour la plupart adolescents, doit redoubler de précautions et de force. Par mesure de sécurité, Amanda et Nigel sont régulièrement déplacés dans diverses maisons. Leur tentative d’évasion ne fera que renforcer encore les précautions prises à leur encontre et les tortures qui leur sont infligées.
Je suis ressortie de cette lecture complétement retournée. L’évolution de la situation des captifs, particulièrement pour Amanda en tant que femme ; le comportement des ravisseurs, des garçons aux rêves tellement normaux : épouser leur petite-amie, faire des études aux États-Unis… ; les atrocités infligées à Amanda ; et surtout, sa force… tout cela m’a bouleversée. Mais encore plus, j’ai été impressionnée par le courage de cette jeune femme, par sa vivacité d’esprit et son instinct de survie. En effet, elle décide par exemple rapidement de se convertir à l’Islam : cette démarche la rendra moins vulnérable car ses ravisseurs seront alors obligés de la considérer comme l’une des leurs au regard de leur religion. Je ne peux imaginer non plus la force mentale dont Amanda Lindhout a dû faire preuve pour subir toutes les maltraitances, physiques aussi bien que psychiques, dont elle a été victime, notamment grâce à sa « maison dans le ciel ».
Autre chose que je tiens à souligner, car j’ai trouvé cela très courageux aussi : Amanda reconnaît publiquement dans ce roman sa naïveté et sa part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé. Elle avoue par exemple s’être montrée irrespectueuse par certains propos envers ses collègues journalistes plus expérimentés ou avoir pris des risques inutiles et qui ont ensuite mené à son kidnapping. Si elle a pu être critiquée pour son comportement, je n’en pense pas moins que nous faisons tous des erreurs et qu’elle aurait très bien pu choisir de ne pas dévoiler les siennes de manière aussi honnête.
En tout cas, depuis cette lecture, je reste admirative devant cette femme et je suis régulièrement son actualité, car elle est désormais très engagée dans l’humanitaire et a créé une association, The Global Enrichment Foundation, visant principalement à soutenir les femmes dans les pays les plus défavorisés. L’éducation joue un rôle primordial parmi les objectifs de cette association, qui apporte cependant aussi son soutien sur les plans de la nutrition et de la santé par exemple. Dans ce cadre, Amanda Lindhout est retournée plusieurs fois en Somalie, pays de sa captivité.
Pour ceux qui s’interrogent, l’un des agresseurs d’Amanda, Ali Omar Ader, a été arrêté en 2018, suite à des investigations et à un travail d’infiltration de plusieurs années. Il a été condamné à 15 ans de prison.
En vous parlant de cela, je m’écarte un petit peu du sujet, car ces éléments ne figurent pas dans le livre, mais tout cela pour vous dire que je vous recommande absolument la lecture d’Une Maison dans le ciel, qui a été traduit en français en 2017 par Franck Mirmont et publié aux éditions Seramis.
Pour finir, juste quelques mots sur le texte (que j’ai lu en anglais, c’est donc de l’original que je parle). Rédigé en collaboration avec la journaliste Sara Corbett, je l’ai trouvé très beau et touchant. Il relate les évènements de telle sorte que je me suis souvent inconsciemment mise à la place d’Amanda. Je ne peux bien sûr pas dire que j’ai ressenti les mêmes choses qu’elle, mais j’en ai tout de même eu un aperçu suffisamment fort pour qu’il me hante encore longtemps après. Certains passages sont encore gravés de manière très visuelle dans mon esprit.
Si vous avez lu ce livre, dites-moi ce que vous en avez pensé !
Auteures : Amanda Lindhout et Sara Corbett
Éditeur : Scribner’s
Traducteur FR : Franck Mirmont
Éditeur FR : Éditions Seramis